Le vocable « Lituraterre », est emprunté par Lacan à Breton, qui en fait usage dans une revue de 1920 en y produisant le terme palindromique « Erutaréttil ».
Dans une nouvelle revue, intitulée Littérature (épuisée), Lacan reprend ce terme de « Lituraterre », en 1971 (publié à présent dans Autres Écrits,p. 18).
Ce mot se légitime de lino, litura, liturarius, selon le dictionnaire étymologique latin de l’Ernoult et Meillet, où il est précisé que cela n’a rien à voir avec literra, la lettre.
Lacan ne donne pas dans l’étymologie
Ce dont Lacan se moque car il ne donne pas dans l’étymologie, parce qu’il en fait une un jeu de mot, un contrepet, un mot d’esprit que l’on peut entendre à l’oreille.
Lituraterre se lit comme rature faite à la terre, qui est le ravinement des fleuves sur le sol sibérien (une forme d’écriture en somme), comme Lacan le voit du hublot de son avion en survolant sa plaine.
Lacan instruit un procès à la littérature dite « d’avant-garde » de son temps, qui de vouloir raturer ce terme de lituraterre, dans son ambition de vouloir « lituratérrir » veut s’ordonner d’un mouvement scientifique…
En effet Il n’y a pas pour Lacan de discours (dans sa définition lacanienne de lien social). qui ne soit pas du semblant.
Au fond Lacan considère que la littérature et la psychanalyse jouent de « la lettre », mais pas de la même façon, ni le même but, car leurs pratiques sont différentes.
Le « savoir en défaut », dans ces deux disciplines, tient au fait que le Réel est impossible à dire et à écrire, il est sans ordre et sans loi, « on ne peut que s’y cogner ».
En effet on n’est jamais aussi sûr d’atteindre un « bout de Réel »
(sic Lacan), que quand on le rate.
Entre autres, dans l’acte manqué, le lapsus, etc.
On peut cependant cerner ce « Réel réel » (re… sic Lacan) par cet effet d’artifice qu’est l’écrit (comme le sont aussi à prendre comme telles, les « formations de l’inconscient », qui se lisent dans la cure comme des bouts d’écrits).