Le feux-follet de Jacques Lacan.
C’est vrai que j’ai consacré tout le temps de ma vie studieuse à suivre Lacan "en passant par ses signifiants » qui parlait d’Or dans les « Fondements de la psychanalyse ».
C’était le titre même de son séminaire de 1964, le premier tenu à Normal Sup, ce titre qui a été changé, on ne sait pas trop pourquoi par cet intitulé stupide « Les IV concepts fondamentaux de la psychanalyse ».
Tout impétrant à faire une analyse, serait justifié à dire à l’analyste à qui il adresse sa demande de faire une analyse :
« Si vous voulez être digne d’être mon analyste, il vous faudra passer par mes signifiants, parce qu’il faut bien le dire j’en sais très peu ou pas du tout sur vous, c’est un bon copain qui m’a donné votre adresse, quoique j’ai été averti par JL, que l’on pouvait faire une analyse malgré son analyste ».
Donc depuis 1970 je laboure « le champ lacanien » celui qu’il assimile au champ de la jouissance, celui de ses écrits, j’écoute ses séminaires que j’ai enregistrés pendant les 12 dernières années (plus l’Angoisse dont un ami avait un enregistrement de grande qualité.)
Voilà 1/2 siècle (50 ans), que je déchiffre ses séminaires à la loupe, et bien entendu grâce à lui, j’ai lu de la même manière l’œuvre de Freud dans sa complétude.
En allemand aussi, mais traduit par Lacan (car les traductions françaises de Freud sont des traductions de vermine) et que de ce fait il est parvenu à faire parler la psychanalyse en français, alors qu’à son origine elle parlait en allemand dans le viennois de Freud.
C’est un défi que n’ont pas encore réussi à relever les anglophones, hispanophones, italiens ou chinois, etc., par ceux qui ailleurs s’intéressent à la psychanalyse.
Lacan a commenté Freud 12000 fois en allant sur le texte allemand, lui qui lisait l’allemand, sans savoir le parler.
D’où l’échec de Heidegger à le rencontrer et qui en plus le snobait en le prenant de haut, n’ayant jamais lu Freud dont il était le contemporain.
Alors moi aussi je suis parti chercher tous les livres des auteurs que Lacan nomme, en donnant plus souvent qu’on ne le dit la référence précise de ce qu’il commente de leurs textes (il a pioché chez 3000 auteurs).
Évidemment je ne suis pas parvenu à tout étudier et je ne cache pas que j’ai surtout « pas-tout » compris.
Il m’est arrivé aussi d’en faire des indigestions jusqu’à le vomir, comme le fait le « chien de l’Écriture » qui de toute façon ravale sa vomissure.
Combien de fois en fureur, ai-je jeté ses Écrits contre les murs de mon bureau ou les ai-je piétiné par terre ?
J’en ai détruit comme ça 4 volumes, jusqu’à faire des cauchemars, et au réveil à attendre piteusement que la librairie Tschann ouvre espérant qu’elle aurait encore dans ses rayons un volume des Écrits.
J’ai donc suivi Lacan, jusqu’à ce jour dont je savais que ce serait le moment où je perdrais sa trace.
Mais j’ai tout fait pour que les œuvres de Freud et de Lacan puissent être à la disposition de tous ceux que me les demandent.
J’ai numérisé leurs œuvres complètes en français, avec mon petit Scan-book d’amateur, et pour les autres langues, je me suis débrouillé comme j’ai pu pour me les procurer.
Ainsi donc je suis devenu, le type d’analyste dont Lacan dépeint les traits dans son Télévision en ces termes :
« L’analyste c’est le feu follet ».
Je n’aveugle pas, ni ne brûle.
On me dit qu’à présent je suis « célèbre », de quelles célébrations ?
Oui c’est vrai je connais leurs textes, du couplage selon Lacan-Freud in Encore, sur le bout des doigts, pas « par cœur », comme on me l’envoi parfois dans les dents, mais par amour de leurs textes et surtout à ma connaissance comme personne d’autres au monde, et alors ?
Je sais combien la psychanalyse est intransmissible, mais pas impraticable, par quiconque veut se mettre à la tâche de ce métier « a-bject », à la condition d’avoir fait une psychanalyse jusqu’à son terme logique.
Pour le reste je m’en remets encore à ce que Lacan déclarait à France-Culture en juillet 1973 :
À la question que lui pose la journaliste concernant selon elle le fait que la psychanalyse serait devenue un fait de « culture », Lacan répond sans la moindre hésitation en ces termes que je cite :
« …je conteste le terme dans toute la mesure où celui de nature auquel il s’oppose me paraît tout aussi contestable.
Ce qu’on appelle un fait de culture c’est en somme un fait commercial, pourquoi dire que l’analyse ça se vend bien ?
Je parle de publication (« poubellication » dira-t’il plus tard), ça n’a absolument rien à faire avec l’analyse, on peut entasser autant qu’on voudra de ces colloques, de ces piles, de ces entassements de productions diversement littéraires, c’est ailleurs que se fait le travail, il se fait dans la pratique psychanalytique…ce que j’essaie de former à la lumière d’une expérience suivie dans le quotidien, c’est une École, pour autant qu’elle serait adéquate à ce que commande la structure si différente de ce discours, la structure qui résulte du discours analytique ».
Jacques Lacan.
On sait ce qu’il en est advenu, Lacan dissout ce qu’il appelait « Monécole » et n’eut pas la force de mettre en place celle dont il pensait pouvoir lui donner une suite.
Cela n’a pas empêché que depuis poussèrent toutes sortes d’Écoles, diversement lacaniennes selon leurs « fondateurs », comme des champignons vénéneux dans la forêt de Fontainebleau.
Je ne dérobe pas à y reconnaître ma part, j’ai fait comme j’ai pu, je ne suis pas le seul, pour que perdure une pratique, celle de la PAROLE dans la pratique de la psychanalyse grâce à quoi tout sujet en l’entreprenant « peut retrouver dans le parler ce qu’il faut de jouissance pour que l’histoire continue ».
Aujourd’hui je constate que la psychanalyse a une influence nulle sur « La Politique », malgré sa prétendue « politique » du désir.
Quant au devenir de ce qu’on appelle « La vie sexuelle », on ne peut que prendre acte de ce qu’écrivait Freud en 1905 dans ses Trois essais sur la sexualité, « Il y a des normes sociales, faute de toutes normes sexuelles ».
Y’a pas plus conformistes, vis-à-des autres, que les psychanalystes, à se pousser du coude pour montrer leur bobines et qui parlent de tout partout où on les invite dans n’importe quelles, tribunes, journaux, radios, télé, etc… (liste non l’imitative), c’est-à-dire, pour parler de rien.