1980-07-12 OUVERTURE DE LA RENCONTRE DE CARACAS.
Cette intervention de Lacan ouvrant la Rencontre internationale de Caracas du 12 juillet 1980, a été publiée dans le no 1 de L’Âne, magazine issu de la dissolution, mars-avril 1981.
Elle fut en 1986, reprise dans l’Almanach de la dissolution, Paris, Navarin éditeur, 1986.
Elle est désignée dans ces publications sous l’intitulé :
« Le séminaire de Caracas ».
Je n’ai pas la bougeotte.
La preuve en est que j’ai attendu ma quatre-vingtième année pour venir au Venezuela.
J’y suis venu parce qu’on m’a dit que c’était le lieu propice pour que j’y convoque mesélèves d’Amérique latine.
Est-ce que vous êtes mes élèves ?
Je ne le préjuge pas.
Parce que mes élèves, j’ai l’habitude de les élever moi-même.
Ça ne donne pas toujours des résultats merveilleux.
Vous n’êtes pas sans savoir le problème que j’ai eu avec mon École de Paris.
Je l’ai résolu comme il faut – en le prenant à la racine.
Je veux dire – en déracinant ma pseudo École.
Tout ce que j’en ai depuis obtenu me confirme que j’ai bien fait.
Mais c’est déjà de l’histoire ancienne.
À Paris, j’ai coutume de parler à un auditoire où beaucoup de têtes me sont connuespour être venues me visiter chez moi, 5 rue de Lille, où est ma pratique.
Vous, vous êtes paraît-il, de mes lecteurs.
Vous l’êtes d’autant plus que je ne vous ai jamais vus m’entendre.
Alors, évidemment, je suis curieux de ce qui peut me venir de vous.
C’est pourquoi je vous dis :
Merci, merci d’avoir répondu à mon invitation.
Vous y avez du mérite, puisque plus d’un s’est mis en travers du chemin de Caracas.
Il y a apparence, en effet, que cette Rencontre embête beaucoup de gens, et en particulier ceuxqui font profession de me représenter sans me demander mon avis.
Alors quand je me présente forcément, ils en perdent les pédales.
Il faut par contre que je remercie ceux qui ont eu l’idée de cette Rencontre, etnommément Diana Rabinovich.
Je lui associe volontiers Carmen Otero et son mari Miguel, à qui j’ai fait confiance pour tout ce qui va avec un tel Congrès.
C’est grâce à eux que je me sens ici chez moi.
Je viens ici avant de lancer ma Cause freudienne.
Vous voyez que je tiens à cet adjectif.
C’est à vous d’être lacaniens, si vous voulez.
Moi, je suis freudien.
C’est pourquoi je crois bienvenu de vous dire quelques mots du débat que je soutiens avec Freud, et pas d’aujourd’hui.
Voilà : mes trois ne sont pas les siens.
Mes trois sont le réel, le symbolique et l’imaginaire.
J’en suis venu à les situer d’une topologie, celle du noeud, dit borroméen.
Le noeud borroméen met en évidence la fonction de l’au-moins-trois.
C’est celui qui noue les deux autres dénoués.
J’ai donné ça aux miens.
Je leur ai donné ça pour qu’ils se retrouvent dans la pratique.
Mais s’y retrouvent-ils mieux que de la topique léguée par Freud aux siens ?
Il faut le dire : ce que Freud a dessiné de sa topique, dite seconde, n’est pas sans maladresse.
J’imagine que c’était pour se faire entendre sans doute des bornes de son temps.
Mais ne pouvons-nous pas plutôt tirer profit de ce qui figure là l’approche de mon noeud ?
L’audio du séminaire de Caracas, est le seul enregistrement officiel, de cette intervention de Lacan.
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